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Spice Trotteuse #épisode 6 : Récolte du Poivre en Inde
Chez Des épices à ma guise, les Spice Trotteuses mouillent la chemise !
Cette année, on a récolté du poivre dans une plantation pendant plus d'une semaine.
Partir en Inde pour récolter du poivre ?! Quelle drôle d'idée ! A quoi ça va te servir ? Voilà les questions que j'ai eu avant mon départ pour le Kérala, au Sud de l'Inde et plus précisément dans une plantation de café et de poivre.
Et effectivement, on peut se poser la question de l'utilité de participer à la récolte ... Comme tous les produits alimentaires et surtout agricoles, je suis intimement persuadée qu'il faut vivre avec la plante pour comprendre le produit qu'elle va générer. C'est tout un ensemble, un cycle de vie, un écosystème qui fera que le poivre, la pomme, le raisin seront bons ou pas....
La plantation de Bruno et sa femme Molama se situe dans les Ghats occidentaux, chaîne de montagne qui part du Sud de l'inde et remonte vers le Nord. Cette chaîne crée une barrière qui arrête les nuages et par conséquent, génère de la pluie. De l'eau, du soleil, de l'altitude : l'environnement parfait pour le poivre.
Bruno a créé sa plantation et sa maison de toutes pièces. A chaque étape, de nombreuses questions se posaient. Sa ligne directrice et sa force réside dans sa connaissance des méthodes ancestrales et sa volonté de minimiser l'impact qu'il pourrait avoir sur la flore et la faune existantes. Ainsi, nous avons eu une très longue discussion sur les tuteurs.
Le poivre étant une liane, doit s'appuyer et s'enrouler autour d'un tuteur. Chez Bruno, les tuteurs sont des tuteurs vivants, c'est-à-dire que ce sont des arbres et non des piquets. Les piquets en bois ayant la fâcheuse tendance d'attirer les termites et n'apportent pas d'ombre au poivrier.
Le choix de l'arbre est important : soit ce sont des arbres déjà présents, des arbres choisis pour leur production (Jack fruits, manguier., Teck ....). Un des arbres favoris est le "Morike". Morike est le nom local, en malayalam (langue du Kérala). C'est une fabacée (comme les lentilles, le trèfle, le pois...). Mais contrairement aux fabacées que je connaissais, celle-ci peut atteindre 5-6 mètres et sa tige est solide. Souple et épineuse, mais solide.
Comme toutes les fabacées, le Morike (de son nom latin Erythrina indica) a la particularité de fixer l'azote atmosphérique et donc d'enrichir le sol. Le poivrier est nourri par une terre riche en azote.
Et, de surcroît, on le bouture facilement.
Ensuite, parlons variétés....
Le poivre le plus courant est le Piper nigrum. C'est cette espèce végétale qui est cultivée en Inde. Mais il existe différentes variétés qui sont soit locales et endémiques à une région, soit créées par croisement (plus de 100 au Kérala).
Le Karimunde est une espèce endémique au Kérala. Bruno a récupéré des stolons de poivriers poussant dans la jungle locale et les a bouturé dans sa plantation. La plante est beaucoup plus délicate à la cueillette que d'autres variétés, le rendement est également plus faible, mais le goût de ce poivre est extraordinaire : fraîcheur avec des notes herbacées, une longueur en bouche inégalée et lorsqu'il a maturé quelques années, le grain de poivre aura développé des notes de café.
Il y a également le Teevan, plus résistant à la sécheresse et le Panyur qui produit de belles grappes avec de gros grains, mais qui n'aime pas trop l'altitude.
Moi qui croyait que la grosseur du grain était synonyme de qualité ... En fait, non. Pour une variété comme le Karimunde, les grains sont très petits alors que le Panyur donne de très gros grains ...
